Tchadar

Le projet

Le XXè Siècle, d’un point de vue ontologique restera sans nul doute le Siècle de la grande déflagration. Barbaries absolues s’abattant par vagues sur des continents entiers, bouleversements sans précédent des perspectives technologiques, effondrements apparents des idéologies au profit d’une seule vision capitaliste globale, avenir écologique plus que compromis, redéfinition des frontières géographiques et temporelles… Qui peut dire encore qui il est dans cette profonde métamorphose de la société des humains ? Les perspectives d’avenir, ne cesse-t-on pas d’ailleurs de nous le répéter, sont inexorablement anxiogènes et constituent à elles seules la légitimité des radicalités politiques, économiques et sociales, que l’idéologie dominante impose comme socle commun incontournable. Dès lors, quelle place ménager à la parole de l’artiste ou, plus précisément, comment celui-ci peut-il s’inscrire dans un acte sensé et sensible qui n’emboîte pas le pas à une dénonciation frontale sans avenir puisque déjà envisagée par le « système » et donc déjà en phase d’assimilation potentielle ; un acte comme une dissonance irréductible dans le concert des tumultes. A cette question, ma réponse personnelle est d’abord de tourner le dos à l’élaboration d’un projet revendicatif et simpliste visant à une énième critique de responsables désignés constituant une revendication désespérée de plus. Si l’art, par définition est politique, je ne souhaite pourtant pas m’adresser à travers ce projet directement au citoyen mais avant tout à « l’être », déconcertante entité humaine, dans la pleine acception de ses modalités et de ses propriétés. Face au vertige de cette ambition, je ressens la nécessité de prendre de la hauteur. Je décide d’installer mon « théâtre » sur les sommets himalayens pour le dévoiler aux yeux du monde sous la forme d’une parabole intemporelle qui bouscule les références classiques des sociétés occidentales.